Cap Finisterre – Le bout du monde !

Si je résume, j’ai fait 2000 km à pied, ça fait 1 mois que je marche sous la pluie, que j’ai froid et que je peine à sécher. Les nerfs sont donc légèrement à vif et la fatigue se fait ressentir. Je passe les détails des multiples douleurs.

J’ai vécu de grosses émotions lors de mon arrivée à Santiago et l’arrivée à Cap Finisterre n’était pas, pour moi, le point le plus important du voyage. Je souhaitais d’ailleurs continuer jusqu’à Muxia pour avoir « tout » fait.

JE ME TROMPAIS !!!

Je reviens à cette journée du 26.11.19. Nous marchons toute la journée la boule au ventre, car la météo annonce une tempête qui va être terrible. Le brouillard, la pluie et le vent nous accompagnent, mais pas plus difficilement que d’habitude.

J’arrive donc vers 16h30, sac sur le dos, au « bout du monde ». Cet endroit se trouve à 3,5 km après la ville de Finisterre. Un vent à 170km/h nous secoue et d’énormes nuages gris menacent. Nous sommes à la borne 0,000 km. C’est la fin ! Je me balade, prends des photos, profite de la vue tout en prenant garde à cet énoooooorme nuage noir qui se rapproche de nous. On prend certains automatismes lorsque l’on marche sous la flotte pendant des semaines. Et franchement, je n’avais pas envie d’être mouillée. Mais Toni est rassurant (et il avait raison). Ce satané vent, qui me fera souvent vaciller pousse les nuages à quelques kilomètres de nous. Et la magie du lieu opéra…

… Rassurée, je déstresse un peu et je découvre un petit bout de ciel bleu. Hormis à Santiago, le ciel bleu avait disparu des couleurs que je côtoyais visuellement ces derniers temps. Premier sourire dessiné sur mon visage.

Puis je tourne la tête et le soleil nous fait le plaisir de se présenter à nous. Comment décrire l’emballement de mon petit coeur et le gigantesque rictus inscrit sur mon petit minois ?

Cette journée finit en apothéose.

Assise sur mon rocher, face à un vent des plus violent, contemplant une vue extraordinaire ; consciente de la fin de mon aventure, je fonds en larmes. Cette émotion est loin de celle ressentie à Santiago. Elle est profonde, elle est encrée, elle est douce et belle. Je ne suis plus vide de sens, je me suis trouvée, je suis là où je dois être et je le sais. Cet endroit est MA fin.

Après avoir vagabondé, pleuré, photographié, humé les embruns et profité du soleil ; je me dirige vers le bar du phare histoire de me réchauffer. J’y croise Matthieu, un pèlerin croisé plusieurs fois sur le chemin. Ce jeune suisse de 18 ans à fait le chemin de Genève. Il ressemble comme deux gouttes d’eau à mon petit frère, Simon. Et sa présence, à ce moment-là, à cet endroit-là, suite à toutes nos péripéties respectives me fait un électrochoc. Je me mets à courir vers lui et je m’effondre dans ses bras. Nous restons ainsi quelques secondes, profitant de la présence de l’autre. Comment est-il possible que nous nous retrouvions ici ? Pourquoi le chemin nous a donné la chance de nous croiser à multiples reprises ? Je suis si redevable à mon Karma à cet instant précis…

Nous regardons, de nos promontoires respectifs, un merveilleux coucher de soleil. Le plus beau de toute ma vie. Simple, doux, frais, mais remplit d’une émotion sans précédent, d’une expérience hors du commun et de sentiments exacerbés.

Puis nous rentrons à la nuit. C’est la première fois que je marche de nuit ; je m’étais toujours débrouillée pour arriver de jour, car ça m’est beaucoup plus confortable. Mais ce retour représentait beaucoup. C’était la première fois que je marchais sur mes propres pas, je revenais à pied à un endroit où j’étais déjà passée. Ces 3 km sonnaient très clairement le glas de la fin de mon aventure. Mais comment aurais-je pu mieux terminer cette aventure qu’ainsi ? Nombreux sont les pèlerins arrivant à Cap Finisterre sous la pluie ou le brouillard, nombreux sont ceux qui ne peuvent profiter d’un coucher de soleil. Et moi, j’ai eu cette chance, ces chances. MERCI !

J’ai donc atteint le « bout du monde », j’y ai découvert la plénitude, je me félicite d’avoir réussi (aussi difficile cela ait été) et de savoir en profiter.

Publié par Jeanne Fauquenot

Passionnée de patrimoine, d'art et d’espaces naturels ; je me suis mise en tête de découvrir, en marchant, ce pays merveilleux qu’est le France. Il m'est alors apparu qu'il m'était nécessaire de partager mes découvertes dans cet extraordinaire monde qui est le nôtre. J'espère que toutes mes aventures vous plairont.

10 commentaires sur « Cap Finisterre – Le bout du monde ! »

  1. Bonjour ,
    Magnifique voyage et bien commenté . Il me rappelle l’arrivée au bout du monde en décembre 2016 , après 2100 km . Parti de la frontière Italienne au col de Mongenèvre , seul et 2 jours de pluie , et oui ….
    Je repense souvent à ces merveilleux souvenirs et ces très beaux chemins .
    Bon retour dans la vie courante .
    Gilbert

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  2. vos émotions décrites je les ai ressenties en 2012 ! Comme vous et vous me rappelez ce sentiment de plénitude doublez du sentiment du devoir accompli d’arriver au km 0 et de ce dire au loin il y a les Amériques ! encore Bravo

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  3. Que c’est beau de lire ce que tu as ressenti. Ayant moi aussi marche sur le Chemin je peux comprendre… J’ai aussi un blog ou je raconte mes journees sur le Camino ( en France en mai et juin dernier). On planifie marcher de Porto et revoir Santiago ( on est alle en 2015- quelques etapes sur le Camino avec un petit groupe) et cette fois-ci on ira Finisterra. ‘cest prevu pour Septembre 2020. J’ai bien hate de revenevir pelerine. !!!! si tu ne trouves pas mon blog en francais et que ca t’interesse de lire ou voir les photos, dis-moi.

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